Épître I - Vous avez dit steampunk ?

Le Steampunk est présent dans les romans, les films, les BD, les jeux, mais qu'est-donc?

30 octobre 2021

Les miscellanées Steampunk de Maistre Philippe - Epître I

Depuis quelques années, le Steampunk attire davantage de fans. Romans, BD, films, animés et costumes de cosplay s'inspirent de plus en plus régulièrement de ce style. 

Le Steampunk c’est quoi ?

Le genre se classe dans la science-fiction (imagination d’une technologie improbable et rétro futuriste) et intègre parfois des éléments fantastiques.
Il serait néanmoins difficile de limiter le Steampunk à un seul genre. Il se subdivise en effet en styles sensiblement différents mais reposant tous sur un socle commun. Nous allons effleurer le sujet en posant quelques bases. Je reviendrai sur des points plus spécifiques dans d’autres épitres.

Que veut dire Steampunk ?


Le nom (apparu pour la première fois en 1987 dans une lettre de Kevin Jeter) vient de l’anglais “steam” - vapeur - qui est une constante (à de rares exceptions près) dans ces univers et sur laquelle repose l’essentiel de la technologie. La vapeur prenant de la place mais permettant de mouvoir des engins de toutes tailles, la démesure et l’improbable sont souvent de mise. L’une des autres constantes du style, ce sont les ballons et Zeppelins en tous genres. Ensuite “punk”, toujours issu du contexte de 1987, a été accolé à steam de la même façon que pour le mot Cyberpunk (cybernétique punk).

Oui, mais cela ne nous dit toujours pas ce que c’est, me rétorquerez-vous …

En effet, le “punk” du cyberpunk est là pour signifier la dystopie d’un univers brutal et sans pitié, pessimiste et grinçant. Le pouvoir y est monopolisé par de gigantesques “corpos” qui se substituent aux états. Ces corpos sont omnipotentes, mais leurs desseins restent souvent troubles. Les héros sont souvent plutôt des antihéros égoïstes et vénaux. Certes, le Steampunk intègre souvent cette dimension de grandes entreprises qui ont, la plupart du temps, des états entiers à leurs bottes, mais de façon moins marquée avec des trames politiques sous-jacentes, plus présentes. De la même façon, les héros sont plus empreints de bonté et d’une certaine forme d'héroïsme.

Ça se passe quand le Steampunk ?

La racine pivotante du Steampunk est l'Angleterre Victorienne, en pleine révolution industrielle (d’où la vapeur). Cela nous situe historiquement entre 1837 et 1901. Le Steampunk va très largement s’inspirer des styles vestimentaires de l’époque en y apportant des touches futuristes avec des accessoires faits tout de cuivre, de laiton et d'engrenages apparents. On y trouve parfois aussi la présence de systèmes hydrauliques.

Néanmoins, la période d’origine n’est pas exclusive. On trouve souvent des références à la France de la belle époque (1871-1914) et à la période de la guerre de sécession aux États unis (1861-1865).

Pour résumer, la période est plutôt large et va donc de 1837 à 1914, ce qui laisse une latitude importante aux créateurs en termes de mode, de technologie et de géopolitique.

C’est donc historique ?

Oui, mais non ! Au niveau technologique le Steampunk serait ce qu’aurait pu être le monde si le pétrole n’était pas arrivé et si le charbon avait régné en maître. C’est, bien sûr, une impossibilité géologique, mais qui s’en soucie ? Nous lisons / regardons du Steampunk pour rêver, non ?

Politiquement tout est permis : remaniement des frontières, états corrompus ou non, omnipotence des corporations industrielles.

Le socle est donc assez vaste et facilement transposable. C’est pour cette raison que l’on fera tomber dans le genre Steampunk beaucoup d'œuvres qui n’en sont pas en elles-mêmes, mais en possèdent certaines caractéristiques...

Des exemples de Steampunk ?

Il y en a moult. Très souvent on rapproche le Steampunk de Jules Verne. Cela pourrait être vrai si Verne avait écrit ses ouvrages à notre époque. Mais, ayant été écrits au XIXème siècle, il s’agit en fait de science-fiction. Le seul de ses romans, à mon sens, qui pourrait peut-être entrer dans la catégorie est “Paris au XXème siècle”. Il n’y raconte pas une aventure contemporaine marquée par des éléments technologiques futuristes, comme le fabuleux Nautilus, mais il décrit bel et bien un monde d’avenir.

Je vais plutôt orienter les suggestions sur des éléments visuels (films et animés) qui permettent de mieux fixer l’imaginaire.

Dans un style Steampunk américain on aura, bien sûr, “Les Mystères de l’Ouest” (série américaine diffusée en France entre 1965 et 1969) où les agents du gouvernement James West (Robert Conrad) et Artemus Gordon (Ross Martin), sillonnent l’Ouest américain au service direct du président Ulysse Grant (1869-1877). Le train à vapeur privé et le wagon salle de billard truffé de gadgets improbables sont, à eux seuls, une référence marquée à l’univers Steampunk . Ajoutons à cela des méchants haut en couleurs et des inventions incroyables, et le décor est planté.

Dans un style plus conventionnel, en animation, “Avril et le monde truqué” (2015) dessiné par l’excellent Tardi, est une très bonne référence. On y retrouve la puissance politico-économique, un monde pollué à l'extrême qui ne connaît plus les arbres et la vapeur omniprésente.

Pour plus d’exotisme on trouvera l’improbable “Ligue des gentlemen extraordinaires" (2003), issu de la BD éponyme dont la parution a commencé en 1999, où seront associés pelle mêle Allan Quatermain, le capitaine Nemo, Dr Jeckyll et Mister Hyde, Dorian Gray et Tom Sawyer (rien que ça !). Tous vont évoluer à bord du Nautilus.

En film récent, plus futuriste, voire post apocalyptique puisque l’action se déroule après une “guerre de soixante minutes”, on trouvera “Mortal Engines” (2018). Il est très marqué Steampunk également (même s'il n’appartient pas au style de part sa datation), où les engins en question sont des villes mobiles montées sur roues et chenilles. La vie dans ces villes obéit à une hiérarchie stricte, voire dictatoriale. Dans cet univers, les petites villes sont chassées et absorbées par les plus puissantes pour être assimilées.

Voilà, j’espère que ce survol du style Steampunk vous donnera envie d’aller plus loin. Vous retrouverez dans un futur que j’espère proche d'autres articles sur ce sujet (références, détails du style, …)

Maistre Philippe

Lugdunum, le XXX October MMXXI

L'auteur...
Philippe Cottone