Les miscellanées Steampunk de Maistre Philippe
Épître IV - Le Steampunk dans les jeux
“Chose promise chose due”, comme disait mon Maîstre ... lorsqu’il m'assénait des coups du XIIIème volume de l’encyclopedia vapor (mille six cents pages) sur le crâne pour avoir répondu une ânerie à sa question, pourtant basique.
Mais je m’égare ! Revenons à nos moutons (électriques). Je vous avais promis une épître sur le steampunk dans le jeu en général. Je vais me concentrer sur les jeux vidéo et les jeux de plateau.
Du steampunk dans les jeux vidéos ?
Et bien oui, jeune vaporiste. Le support informatique a ceci de pratique que l’on peut transposer tout un tas d’univers sur une même mécanique (ou moteur). Mais il ne suffit pas de créer une bonne ambiance pour que le jeu soit bon. Le gameplay, les scénarios, la musique, etc … Sont autant d’éléments qui vont compter.
Le steampunk étant en vogue, il est bien normal de le retrouver de l’autre côté du clavier.
Voici les trois jeux les plus steampunk vers lesquels vont mes choix, il n’est ni objectif ni exhaustif (encore une fois).
Je commencerais par le délicat et poétique Machinarium. Il ne date pas d’hier puisqu’il est de 2009. La performance est qu’il s'agit d’un jeu flash (pour ceux à qui ça parle). Il a été réalisé par Jakub Dvorský avec une bande-son de Tomáš Dvořák. C’est un jeu de type “point and click” où il faudra guider un petit robot, mis à la porte de sa ville robotique (et tellement steampunk), et qui compte bien y retourner. Côté graphique, il est tout simplement superbe et totalement dans le ton.
Ensuite je citerai Myst, un peu plus vieux puisque de 1993. Développé par Cyan Worlds . Ce jeu est basé sur une civilisation très ancienne : les D’ni. Les auteurs se sont largement, et ouvertement, inspirés de “l’île mystérieuse” de Jules Verne (encore lui). Malgré l’intégration d’univers parallèles appelés âges, l’ambiance est présente. Le jeu est très "narratif" et va surtout consister en de l’exploration et de la découverte.
Enfin, le très connu Bioshock (et ses déclinaisons), sorti en 2007 et issu des studios 2K Boston / 2k Australia. Il s’agit d’un jeu de tir à la première personne (FPS). Bien que situé dans le temps dans les années 60, le jeu est résolument art déco avec une forte empreinte steampunk et dieselpunk (terme inventé par Lewis Pollack en 2011 pour caractériser le genre son jeu de rôle “Children of the Sun”. Le style est d’inspiration steampunk et va plutôt recouvrir la période 1914-1950. C’est, pour moi, une déclinaison du steampunk).
À vos manettes !!!
Et les jeux de plateau ?
Un petit loisir personnel …
Le jeu de plateau connaît, depuis quelques années, un essor considérable. En vingt à vingt-cinq ans, nous sommes passés du Monopoly / Risk / Bonne Paye / Docteur maboul à une pléthore de jeux du plus enfantin au plus adulte, avec une nette accélération ces dernières années (première accélération en 2006 puis sorties quasi exponentielles depuis 2014). Le site Board Game Geek (la référence internationale du jeu de plateau) donne un pic à … (roulements de tambours) … près de sept mille deux cents nouveaux jeux et rééditions pour l’année 2019. Même s’ils ne sont pas tous égaux en qualité, le choix en bons jeux reste vaste.
Pour répondre à la demande, et un peu à la façon des jeux vidéo, les auteurs et éditeurs ont adapté des “moteurs” sur différents univers (il suffit de regarder les grandes sagas comme le seigneur des anneaux ou Harry Potter pour voir le nombre de jeux à mécaniques différentes sur un même thème). Vous commencez à me voir venir avec mes semelles de scaphandrier.
Et bien oui, plusieurs jeux ont cédé à la mode du steampunk, je vais en présenter quelques-uns ici (vous connaissez le refrain, je ne rajoute rien).
On va commencer très léger puisque pas vraiment steampunk. L’action se déroule en pleine Angleterre victorienne et fait intervenir Moriarty et toute une flopée d’autres méchants victoriens qui n’ont qu’un but : régner, à leur façon, sur Londres. Seul Sherlock Holmes n’a pour objectif que de les faire tous échouer. Ce jeu, édité par Phalanx s’appelle “Nanty Narking”. C’est un jeu à rôle caché qui plonge très bien dans l’ambiance. Essayez de le trouver d’occasion car neuf, il est un peu cher.
“Mission : Planète Rouge” des excellents, et prolixes, Bruno Cathala et Bruno Faidutti. Le jeu, initialement sorti en 2005 chez Asmodée, a été réédité et enrichi par Edge (Fantasy Flight Games). Il ne s’agit pas de la Lune mais ni plus ni moins que d’aller exploiter le sous-sol de Mars. Le jeu à rôles cachés (vous avez en main un certain nombre d’agents ayant tous une fonction particulière. Vous n’en jouez qu’un à la fois mais devez combiner leurs actions au fil des tours pour parvenir à la victoire). On nage dans le steampunk, surtout avec la première édition illustrée par Christophe Madura (la seconde, illustrée par Andrew Bosley, fait plus BD mais conserve bien le thème). Tout est très typé (on ne peut que penser à “de la terre à la lune”) et la mécanique est agréable. Son point fort, outre l’univers, est qu’il peut être joué par des débutants sans grandes intentions stratégiques ou, au contraire, par de fins stratèges. Si vous voyez passer une première édition à l’occasion … Foncez !
“Imaginarium” chez Bombyx toujours de Bruno Cathala mais avec Florian Sirieix. Il s’agit d’un jeu de gestion et de construction de machine délirante dans un univers steampunk à l'extrême (comprenez plutôt : délirant et onirique). Collectez du charbonium et des ressources et essayez de gagner un maximum de points de victoire. Un jeu accessible pour toute la famille.
Tout est dans le nom : “Victorian Master Mind” chez Edge de Antoine Bauza et David M. Lang. Devenez le plus grand vilain de l'Angleterre victorienne et même de la planète puisque vous allez envoyer vos agents à travers le monde pour récupérer, et assembler, les pièces de votre machine infernale. Celle-ci vous permettra de capturer de grands monuments à travers le monde (tour Eiffel, Colisée …). L’immersion est au rendez-vous. Le petit plus : chaque joueur construit une machine infernale différente ayant ses spécificités propres. Un jeu familial compétitif sympathique.
“Scythe” un jeu de gestion (souvent présenté, à tort, comme un “4X” explore expand exploit exterminate) très “core” comme on dit de nos jours. Un jeu à l’ambiance tendant vers le Dieselpunk plutôt bien rendu et qui se déroule dans un ersatz de pays de l’Est. Malheureusement l’ambiance est insuffisamment exploitée à mon goût. On a donc du gros jeu de gestion (un énorme succès à sa sortie) à orientation Dieselpunk. Pour les durs de durs (voir un peu plus).
Un petit dernier (mais il y en a encore quelques-uns) : “Novembre Rouge” de Bruno Faidutti et Jeff Gontier. Il s’agit d’un jeu coopératif où les joueurs incarnent un équipage de Gnomes (oui, oui) dans un sous-marin qui a de furieux airs de Nautilus. Seulement voilà, ce sous-marin part à vau-l’eau et il faudra tenir le temps que les secours arrivent. Quand ce n’est pas une voie d’eau c’est un incendie. Quand ce n’est pas une porte bloquée, les moteurs surchauffent … Et pour se donner un peu de cœur à l’ouvrage, rien ne vaut une rasade (comprenez bouteille) de vodka, quitte à s’évanouir après avoir réalisé son exploit.
Il y a autre chose ?
Oui, bien que ce ne fût pas mon sujet de départ, je parlerai (très) brièvement des (du) jeu de rôle Steampunk. Votre Maîstre favori (enfin j’espère) n’en a testé qu’un. Il s’agissait d’un hors-série de Casus Belli destiné à se greffer sur les règles du jeu de rôle de la même édition : Simulacres. Il s’appelle “Aventures Extraordinaires & Machinations infernales” écrit par Tristan Lhomme, paru en 1990. Des règles simples et logiques faisant la part belle au rôle. L’univers est excellemment bien décrit et permettra de passer de longues heures de jeu plongé jusqu’au cou dans un Steampunk Vernien. Si vous en trouvez un, jetez-vous dessus, il est très recherché (c’est le premier JdR Steampunk en Français).
Ainsi se terminent ces miscellanées sur le steampunk dans les jeux. Espérant qu’elles vous auront donné envie de jeter quelques dés ou d’abattre quelques cartes fourbement dissimulées à l’adversaire, je vous retrouve pour une prochaine épître sur le transport et les voyages.
Maîstre Philippe
Lugdunum le MMXXI le IX octubris