Écrire un roman de science-fiction
Il existe tant de manières d’appréhender l’écriture d’un roman de science-fiction. Je dirais presque qu’il y en a autant que d’écrivains.
Mais amorcer un manuscrit de ce type nécessite, cependant, certaines bases que je vais tenter de vous exposer ici, pour quelques-unes d’entre elles.
Outre une persévérance à toute épreuve et l’aspiration à faire naître ses personnages et leur histoire, l’auteur(e) d’un tel projet doit avoir la conscience diablement ouverte sur le futur, et l’attention qui se porte loin au-delà de la réalité immuable qui enferme chacun d’entre nous dans la trame du quotidien.
L’artiste doit se relier aux sphères supérieures lui révélant ce qui, jusque-là, s’avère dissimulé au commun des mortels, et accepter ce qui existe derrière le voile des apparences, l’accepter pleinement. Sinon comment aborder un tel sujet ?
Ensuite, survient l’étape des notes manuscrites ou tapuscrites. Certains d’entre nous s’évertueront à établir un plan préalable, cependant astreignez-vous à transcrire ce qui émerge à votre esprit avant tout. Posez les mains sur le clavier ou le stylo sur le papier et laissez les idées couler. Efforcez-vous de les laisser couler en faisant fi du vocabulaire et des effets de style ; écrivez sans frein, sans vous restreindre. Parfois, les idées courront plus vite que vous ne pourrez les coucher sur le support. Faites au mieux et écoutez les messages subliminaux, visualisez les images qui émanent des hautes instances dimensionnelles.
Il y aura forcément des chapitres vides, mais ceux-là se rempliront en leur temps ; rien n’oblige l’artiste à écrire de manière linéaire. Des sauts, des béances s’enrichiront au fur et à mesure dans un va-et-vient incessant.
À un moment donné, il vous faudra formaliser un plan plus ou moins précis avec ce que vous aurez engrangé comme informations sur le manuscrit au niveau de l’ébauche. Une éventuelle fin se dessine, mais celle-ci sera amenée très certainement à diverger de votre idée première, au moins quelque peu.
Et de nouveau laissez-vous embarquer par les personnages dont vous découvrez l’histoire, en même temps que vous l’exposez. Ceux-là se révèlent progressivement sous votre attention vigilante, surprise de bien des manières.
Lorsque la trame est amorcée, une pause s’avère nécessaire afin d’enregistrer les détails qui se rattachent aux personnages, leur physique, leur tempérament, leurs qualités et défauts que l’auteur(e) enrichira au fur et à mesure de la construction de l’univers. Il s’agit également de renseigner les rubriques du lexique relatives à la géographie, à la faune et la flore, aux races présentes, à la technologie en cours dans son histoire, à la culture et aux notions religieuses s’il en existe ; toutes ces sortes d’informations qu’il faudra assimiler et inventorier. Plus que tout autre genre littéraire, la Science-fiction qui abonde de descriptions, du fait de la construction de nouveaux univers, nécessite ce genre de lexique. Tout au long des phases de réécriture, vous devrez y revenir régulièrement afin de l’enrichir.
Par couches successives et minutieuses, le manuscrit se construira. Ces couches qui s’empilent les unes sur les autres, ainsi que le ferait l’un de ces peintres barbouillant sa toile des pigments de sa peinture à l’huile afin que chacune des couches vienne se juxtaposer en mille petits détails sur son univers vagissant. Ainsi en va le travail d’un(e) auteur(e). Et si « par malheurs » le manuscrit de ce dernier ou de cette dernière comporte plusieurs de ces mondes en gestation, l’artiste devra multiplier ces couches créatives aussi patiemment que le sculpteur qui, lui, à l’inverse, devra les ôter de son bois.
Mais il existe maints autres éléments qu’exige un roman de SF. Je pourrais bien poursuivre l’aventure en approfondissant cet article une toute prochaine fois.
À bientôt, l’ami(e),
Christine Barsi