Bien le bonjour chers lecteurs,
Aujourd'hui, c'est journée chronique.
L'autre jour, flânant en librairie, au détour d'une courte allée entassant merveilles de l'imaginaire, mes doigts passèrent sur le fil de la lame de Kull.
La main en sang mais l'esprit envoûté, je ne pus me retenir de saisir "Le royaume des chimères" de l'illustre Robert E. Howard, maître et précurseur incontesté de la fantasy. Pour candides avides de connaissances, sachez qu'il est l'auteur des célèbres Conan et Salomon Kane.
Howard n'a, sauf erreur de ma part, écrit que des nouvelles. À l'époque (années 20), c'était de coutume et cela permettait à bien des auteurs de gagner leur pain.
Qu'avons-nous ici ? Et bien...du pur Howard.
Si vous connaissez Conan, c'est dans la même lignée. Primitif, brutal, sanglant, simple et efficace. La dentelle, c'est pour les demoiselles, et bien souillée d'hémoglobine siou'plait.
Les protagonistes sont dans le genre à boire dans le crâne de leurs ennemis (époque révolue que je regrette).
Je ne vais parler que de deux nouvelles de ce recueil.
Le royaume des chimères
La première, "Le royaume des chimères" introduit le célèbre personnage de Kull (de son prénom Jean ? - pardon, je n'ai pas pu me retenir). L'histoire se passe dans le même monde que Conan, mais des milliers d'années avant son époque. Kull, c'est le puissant Roi de Valonie, un atlante déchu qui a conquis et asservi nombre de royaumes voisins.
Un atlante ? Rappelez-vous les mots d'introduction du film Conan (1982) :"Entre l’époque où les océans engloutirent l’Atlantide et l’avènement des fils d’Arius, il y eut une période de l’Histoire fort peu connue dans laquelle vécut Conan." Donc oui, bien avant Conan.
Kull est fier, il est fort, son bon plaisir du matin est de voir défiler ses armées. Il broie des chiots à mains nues au petit-déjeuner (c'est pas vrai, mais c'est l'idée). Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, il est loin d'être idiot. On ne bâtit pas un tel royaume avec la seule force de sa hache. Il est intelligent, lucide, avisé, quoique un peu impulsif. Sans trop en dire, la nouvelle va s'orienter rapidement vers la découverte des créatures de prédilection d'Howard, créatures qui lui servaient de base allégorique.
Niveau écriture? Grandiose ! Héroïque, ostentatoire ! Les dialogues sont brefs, percutants, c'est épique, grandiloquent. Je jalouse sa plume, j'avoue.
Les descriptions sont parfaitement dosées, on se plonge rapidement dans l'univers, du moins ce dont on a besoin. L'intrigue est bien menée, même quand on connaît les principes d'Howard. Le côté nouvelle aide forcément à ne pas traîner en longueur. Seul bémol, selon mon point de vue, ce sont les actions et combats parfois un peu touffus et peu évidents à comprendre.
Lire ce genre de nouvelle, c'est juste jouissif, on a envie d'aller chercher sa hache (ou hachette, qui n'en a pas ?), d'aller briser des os, d'écraser ses ennemis, les voir mourir devant soi, et d'entendre les lamentations de leur(s) femme(s).
(cri de rage en mordant à pleines dents un gigot de dragon).
Par Crom et Valka ! D'aucuns acerbes adeptes de certaines idéologies nouvelles crieraient "sexisme et mâle blanc dominateur".
Et bien...Oui !
Et en fait...Non, pas forcément. Remballez.
Agnès la Noire
Car voyez-vous, la deuxième nouvelle dont je vais vous parler c'est "Agnès la Noire" (début du cycle d'Agnès la Noire).
L'histoire se passe en France au XVIè siècle. On nous introduit Agnès de Chastillon, une jeune paysanne, très belle, brutalisée par son père (ancien militaire) qui veut la forcer à se marier avec un porc. Menée tuméfiée par les poings de son père devant l'autel, elle poignarde son futur (ex) époux avant de s'enfuir.
Agnès est vive, intelligente, rusée et patiente. On va découvrir une femme forte, indépendante, rejetant toute idée de se faire posséder par un homme. Elle veut être leur égal, voire leur être supérieure. Elle va mener une vie d'homme, s'habillera en homme, agira en tant que tel. Elle a un don naturel pour le combat et la survie. Elle versera le sang d'une manière si brutale, fracassante et ruisselante qu'elle en fera pâlir les plus grands guerriers et héros.
Dans cette nouvelle, les hommes, pour la plupart, sont des êtres perfides, rustres, en qui on ne peut pas avoir confiance. On met en avant la rude condition des femmes de l'époque, à savoir être soumises aux hommes, vouées à enfanter et à travailler jusqu'à ce qu'elles deviennent méconnaissables.
C'est une nouvelle très avant-gardiste et tout à fait juste, qui ne tombe pas du tout dans les actuelles dénonciations extrêmes totalement inappropriées...
Sur ce, je m'en vais de ce pas continuer à découper mon jambon de dragon et à aiguiser ma hache.
Par Valka !
Bien à vous, chers lecteurs.