Faire une dédicace - Partie 2 : Déroulement

Comment se passe une séance de dédicace ?

28 août 2021

Dernière partie de "Comment faire une bonne dédicace?"

Le déroulement de la dédicace

Voyons maintenant comment se déroule une dédicace, ce qu'il est judicieux de faire ou non.

N'ayez point peur, mes amis. Tout va bien se passer, et tout s'est bien passé non ? Nous savons tous que la première fois, c'est souvent douloureux, mais rapidement on adore ça (oui oui, je parle bien des dédicaces). Votre stand est installé, vous avez passé votre temps la tête baissée dans vos préparatifs... Maintenant relevez-la, prenez une grande inspiration et allez-y.

Pour la suite, je prendrai l'exemple d'une dédicace en librairie, mais en salon ce sera sensiblement la même chose.

Première chose. Si vous n'êtes pas à côté, repérez le rayon de votre style. Ayez-le à l'oeil, constamment, vous comprendrez pourquoi plus tard.

Les étapes pour réaliser une dédicace. La 2 peut ne pas arriver à tous les coups. 1-attirer 2-envouter et échanger 3-garder contact



1-Attirer


C'est pour ma part ce que je trouve le plus compliqué et le plus aléatoire. C'est également très critique, vu que sans cela, aucune suite ne peut être.

Il faut que vous partiez du principe que beaucoup de gens ne vont pas vous voir parce qu'ils sont en mode autoroute en allant uniquement au rayon voulu, ou alors, ils vont avoir peur de vous et ne pas oser venir. Il y aura aussi le cas où certains penseront que vous êtes du magasin et vont vous demander des renseignements, c'est toujours rigolo. Je n'ai jamais osé jouer le jeu, mais un jour il faudrait que j'essaie.

Pour ma part, je reste debout quasiment tout le temps, comme ça on me voit (d'autant plus qu'avec mes décos, si je reste assis, je suis caché).

Soyez actifs et souriant. C'est à vous d'aller vers les gens. Éviter de rester dans votre coin, en mode tronche bobine, assis derrière votre stand la tête dans votre téléphone. Jamais personne ne viendra vous voir. Vous resterez inconnu et oublié pour l'éternité. « Non ... mais ça arrive jamais ça » me direz-vous. Oh si vous saviez le nombre d'auteurs qu'on voit faire ça...

Niveau accroche, voici les 3 cas principaux :

1er cas : Les gens passent devant votre stand.
Inéluctable, obligatoire, dites « BONJOUR ». Ça ne coûte rien, c'est poli, et les gens vous regardent et vous répondent (pas assez souvent à mon goût). S'ils sont naturellement intéressés, ils s'arrêtent, et on passe à l'étape suivante. On peut également lancer une petite phrase du genre « N'hésitez pas à venir jeter un coup d'oeil » etc. J'évite pour ma part de tendre des flyers en mode vente forcée, je n'aime pas qu'on me le fasse. Je me place rarement devant mon stand, là aussi, ça fait trop vendeur de marché.

Avec un peu d'expérience, d'un simple regard, on sent rapidement les gens qui peuvent accrocher ou non, il faut donc ne jamais insister.

2ème cas : les férus de votre genre. Voilà pourquoi je vous disais de repérer le rayon de votre genre. Si vous voyez quelqu'un trainer un peu dans ce rayon, invitez-le poliment à venir vous voir, prétextant que s'il est intéressé par cette littérature, il pourra peut-être trouver son bonheur à votre table.

Attention, prudence sur ce cas. Ne faites pas les bourrins à sauter sur tout ce qui arrive dans votre rayon. Attendez, observez comment la personne regarde et cherche. N'allez pas la voir uniquement parce qu'elle a jeté un bref coup d'oeil. Dans mon cas, la fantaisie étant un genre un peu étrange pour beaucoup, je le remarque rapidement, surtout quand la personne commence à feuilleter du Tolkien ou du Martin. Pardonnez-moi ce terme, vous tous chers lecteurs, mais c'est ce que j'appelle du « pain béni ». Là aussi, n'insistez jamais. Parlez brièvement, s'ils sont intéressés, ne vous inquiétez pas, ils viendront.

3ème cas : les timides. C'est un cas assez cocasse je trouve. Ce sont ceux qui veulent venir vous voir, mais qui n'osent pas. On les remarque facilement. Ils tournent autour des rayons alentours, parfois vous jettent de brefs regards, vite retenus. Dans ce cas, faites simple, souriez-leur et faites leur signe de venir. Cela donne souvent des échanges fort sympathiques.



2-Envouter et échanger



C'est là où la magie doit opérer. Parlez avec la personne. Elle peut entamer la chose en vous posant des questions, et peut-être que jamais vous n'aurez à dérouler votre pitch. Soyez vous-même. Diantre, c'est à ce moment que vous parlez de votre passion. Pour de la fantaisie, il n'est pas difficile de faire rêver. Pour les autres styles, vous savez mieux que moi sur quels points appuyer.

Le Pitch/argumentaire : ah, le pitch. Vous savez quoi ? Et bien, la personne pour laquelle il est le plus difficile de parler de son ouvrage est...l'auteur lui-même ! Je n'ai jamais réussi à pondre un pitch tout seul, surtout pour mon premier pavé. On ne sait pas par quel bout commencer. Réellement, vous utiliserez les mots et idées des critiques et des nombreux retours que vous avez eus : les perceptions, les points forts remontés (parfois aux antipodes de ce à quoi on s'attendait), etc. Chaque semaine, j'étoffe davantage mon pitch. Au départ, c'était « euh, alors...que dire...c'est un roman de fantaisie...y'a pleins d'histoires, des batailles, des monstres... »

Maintenant, on ne m'arrête plus d'en parler, et je le fais sans spoiler.

Transmettez votre passion, votre enthousiasme, votre énergie. Parfois, on ne parle pas du bouquin, mais de tout et de rien, de nos vies, autres passions... Sincèrement, bien souvent les gens prennent votre livre parce qu'ils vous ont rencontré. Le livre plait parce que l'auteur a plu (en plus BG comme je suis...oups, ma cheville).

Passez du temps aves les lecteurs, c'est là le réel plaisir des dédicaces. D'autant plus qu'une table autour de laquelle on parle attire. Le monde attire le monde. J'ai connu certains moments où les gens attendaient leur tour pour me parler. Seulement une ou deux personnes certes, mais c'était vraiment émouvant.

Et puis, si le livre ne tente pas, ce n'est pas grave. Vous avez passé un bon moment avec la personne, c'est toujours plaisant et vous en aurez certainement appris long sur d'autres choses.


3-Garder contact



Très important là aussi. Que la personne prenne ou non votre livre, si elle est intéressée, proposez-lui de garder contact. Par mail (pour les newsletters), réseaux sociaux, etc. Ne forcez jamais la personne.

Pour cela, un simple calepin suffit, sur lequel la personne note son email. Le seul hic à mon goût est lorsqu'on recopie les emails et qu'il faut décrypter certaines écritures. Vous pouvez les noter vous-même ou alors, prévoyez une tablette, cela facilite les recopies en base de données.

Les contacts, c'est ce pour quoi on fait des dédicaces et salons.

Statistiques de vente



Vous pouvez également marquer brièvement à qui et quand vous avez vendu. Endroit, date et heure de vente, âge, sexe, livre, amateur du genre ou non.

Cela me permet d'avoir une idée plus claire sur mon lectorat, du moins, réduit à ceux qui se déplacent en librairie. Quant aux heures, je le faisais au début, comme ça pour voir. Il s'avère que je vends beaucoup entre 13h20 et 15h20, et qu'entre 15h20 et 17h20, c'est souvent un peu plus calme, puis on constate une nette reprise après 18h. Chacun en déduira ce qu'il voudra.

Je vous rassure, je ne lie jamais ces infos aux emails que je note, ce sont deux listes différentes. Je ne connais que trop bien les méandres et vices de la RGPD...

La signature


Deux cas se présentent.

Vous parlez très peu avec la personne qui prend votre ouvrage parce qu'elle est pressée. Dans ce cas, prévoyez une liste de dédicaces « standards » à dérouler. Faites simple.

Vous avez le temps d'échanger. Essayez alors, lors de la conversation, de capter une particularité, un goût propre au lecteur. Par ex, il vous dit « Moi j'aime bien et beaucoup manger, et j'adore quand ça parle de bouffe dans les bouquins ». Qu'à cela ne tienne, vous pouvez lui dédicacer quelque chose du genre « À XXX, le bon vivant dévorant des dragons au petit-déjeuner ». Si vous vous sentez d'humeur, créez, imaginez, innovez !

Rentabilité


Parlons pognon.

Je vais commencer par les GROS salons. Réellement, pour les gros salons à plusieurs centaines d'euros la table et souvent à l'autre bout de la France, n'imaginez pas être rentable financièrement, loin de là ! Faites un rapide calcul et vous comprendrez combien vous devrez vendre de livres pour être rentable, transport et hébergement compris. Au mieux, vous arriverez à rentrer dans vos frais, mais n'imaginez pas vous faire des bourses en or. Non, ce genre d'événement, il faut y aller pour la promotion, pour être présent, pour se faire connaître. C'est leur véritable rentabilité. Cela vous ouvre des portes. Il faut juste être présent et patient.

Pour les petits salons (à 20 euros la table) et les dédicaces en librairies : En moyenne, les libraires prennent 30% de marge. Si un libraire vous demande plus de 35%, ronchonnez et négociez. Pensez bien à vous mettre d'accord avant la dédicace. C'est en librairie qu'on peut espérer faire de bons bénéfices de vente, sans trop de charges. Faites en sorte de faire imprimer vos ouvrages à prix correct, et vous devriez être assez satisfait au bout de quelques ventes. Les seules charges en librairie/salons sont les éventuels coûts de transport.

État d'esprit


Le mental



Comme je le disais au début, ne vous attendez pas à être une super star. Préparez-vous à en baver, à ne pas vendre ou très peu, à passer de longues heures sans arriver à accrocher quelqu'un... Préparez-vous à déprimer, à en avoir les larmes aux yeux, à tout remettre en question, votre vie, votre existence, votre avenir... Préparez-vous à sombrer dans la déchéance, jusqu'à vendre votre âme au diable pour faire ne serait-ce qu'une toute petite vente... Vous en arriverez à vouloir en donner vos livres pour qu'on vous lise, une fois, rien qu'une fois... Sans déconner, vous verrez...

« Mais pourquoi suis-je rejeté(e) ? Qu'ai-je fait de mal ?»

Quand il n'y a personne dans la librairie, c'est dur, mais logique, et vous ne pouvez y faire grand-chose. C'est ainsi, il faut prendre son mal en patience. Ceci dit, on peut en profiter pour tailler la bavette avec le/la libraire, c'est toujours super sympa et aussi instructif.

Le plus écrasant c'est quand monde il y a, mais que vous ne vendez pas. Dans ce cas, au lieu de vous morfondre, analysez. Parfois, il se trouve que statistiquement, les gens présents ne sont pas enclins à lire votre genre (avec la fantaisie, c'est souvent le cas), où qu'il n'y a de clients que pour le rayon jeux vidéo. Parfois, dans certains endroits, les gens n'aiment pas les nouveautés (les libraires me le faisaient remarquer). On les sent réticents. C'est ainsi.

Essayez d'autres techniques d'approche, ça ne coûte rien d'essayer. Mais bien souvent, quand la journée n'est pas là, il faut l'accepter. Il y aura des jours meilleurs.

Dans tous les cas, souriez, allez de l'avant.

Pour ma part, dans mes pires moments, je me revoyais sur mon vélo, perdu dans mes collines, en pleine fringale, les jambes mortes, avec encore LE col à me taper avant de rentrer à la maison. Et là je me disais ... « RAAAAAGE ! »

Mais vous pouvez aussi aller casser la graine et boire un café.



Le positif 



Si désastreuse puisse paraître une journée, il y aura toujours, absolument toujours quelque chose de bon à en tirer, si infime soit-il. -une bonne leçon -des remises en question constructives -des essais, des tentatives -des idées auxquelles vous avez pensées. -des contacts directs -des contacts indirects, qui vous appellent plusieurs semaines après, parce qu'ils ont entendu parler de vous ou ont vu votre affiche. -le numéro de la jolie libraire (« Ouille ! Mais chérie je rigolais, tu sais bien »)

Pensez toujours dans ce sens : positif.

Si la journée a été bonne, tentez aussi de savoir pourquoi, et aussi ce qui pourrait être amélioré pour faire encore mieux.

Voilà, j'espère vous avoir un peu éclairé. À bientôt pour de nouvelles aventures !

Charles Chehirlian,

L'auteur...
Charles Chehirlian